mardi 19 mai 2015

La pensée complexe. Essence et commentairesd’une conférence de Boris Cyrulnick


Lyon, France.


Ou la capacité d'intégrer des données différentes au lieu de les exclure, pour accéder à la richesse de la subtilité.
Parce que la pensée linéaire exclut et raccourcit, quel que soit ce dont on parle.
Comme le dit Cyrulnick, méfions-nous des certitudes qui sont en général des lignes droites.
Gardons plutôt un esprit critique aiguisé, la capacité de poser un jugement en fonction, non pas d’apriori mais de ce que l’on observe, en avançant pas à pas pour mieux comprendre ce que l’on aborde. Tout ‘simplement’.
 La pensée complexe, c’est considérer plusieurs sources d’information pour appréhender une situation - complexe - et lui donner un sens cohérent. On n’est pas dans la causalité linéaire exclusive. 
Une réalité prend ses sources dans l’histoire individuelle et ses représentations. Celles-ci quant-à elles, s’ancrent dans l’histoire sociale, le récit historique et les sentiments. Récits extérieurs : récit de l’autre (autre individu, autre société …), et récits intérieurs : ce que l’individu a intégré en fonction de son propre déroulement de vie antérieur. Ainsi que les représentations de ces différents récits.
C’est pourquoi un travail sur les croyances, les siennes propres et celles que l’on transporte et qui ne nous appartiennent pas, est porteur. Ce à quoi se greffe également la génétique qui prend plus ou moins de poids, selon la situation.
Complexe, oui. Compliqué, non 
C’est de la complexité et uniquement d’elle que peut naître une série d’hypothèses de compréhension dont quelques-unes peuvent aboutir à un résultat cohérent pour la personne.
La compréhension fine d’une situation dépend de la spécificité de l’environnement dans lequel l’action s’est déroulée ; des images / représentations individuelles et collectives associées qui vont donner au sentiment, donc aux émotions un sens particulier et unique à une personne donnée.
La grille d’analyse d’un individu est tout à fait unique et ponctuelle. Elle peut se modifier tout au long de sa vie.
L’appréhension d’un l’évènement de façon globale est la première couche de l’approche. Elle est essentielle et non suffisante.
Prenons un exemple : ce qui transmet un stress à un enfant, ce n’est pas la mère ou le père, c’est le malheur de la mère ou le malheur du père ainsi que  leurs représentations complexes portées par les géniteurs / adultes référents de l’enfant.
L’histoire de la mère, et l’histoire du père interviennent et participent du développement de l’enfant qui vient au monde. Les enfants d’une même fratrie peuvent avoir une ‘mère différente’.
 Notre manière d’agir ensemble est gouvernée par des déterminants hétérogènes. Génétiques, parfois (même si l’homme n’est pas génétiquement déterminé, à part son sexe), la biologie, le cerveau, la relation, la culture, le climat, l’histoire . . . et leurs représentations.
Voici quelques exemples :
La culture: du fait de la ségrégation, certaines populations ont développé une endogamie et une augmentation de certains déterminants génétiques.
Le climat: dans l’Himalaya, lorsque survient la mousson, la population monte dans la montagne et la vie devient alors beaucoup plus dangereuse. De ce fait, les parents sont beaucoup plus stricts envers leurs enfants : un accident peut être fatal.  Les rituels deviennent bien plus rigides et obligatoires. Lorsqu’ils redescendent dans la vallée, les enfants commencent à désobéir et à s’opposer bien plus, notamment, aux rituels. Ce qui était intégré comme de l’autorité devient perçu comme de l’autoritarisme.
Selon l’histoire, et la signification donnée à un évènement, celui-ci peut être traumatisant ou non. Il faudra se pencher sur les évènements  périphériques, les représentations mémorielles que la personne en a pour comprendre les racines du trauma. 
D’où l’étonnante inégalité des conséquences des traumas.
En situation d’isolement sensoriel, les fibres préfrontales du cerveau ne sont plus stimulées. Il y a une fausse atrophie. Il suffit de réorganiser le milieu. La forme du cerveau dépend de la structure du contexte.
Le fait d’avoir à imaginer, anticiper, stimule le circuit de la mémoire et apprend à contrôler les émotions. L’effort d’imagination active les mêmes circuits cérébraux que l’effort de mémoire.
D’où la puissance de la visualisation !
La mémoire n’est pas le retour du passé. C’est une représentation individuelle du passé.
Quelle que soit la méthode psychothérapique, les résultats d’IRM montrent les mêmes modifications avant et après thérapie : la partie du lobe frontal se regonfle. Ce qui compte, c’est l’effort.
Il n’est pas nécessaire de comprendre pour soigner.
Le succès thérapeutique ne valide pas la théorie. On peut avoir des théories cohérentes, mais ce n’est pas ça qui marche…
En modifiant la représentation, on modifie le sentiment. (une représentation peut être un doc, une lettre, un film, un témoignage ….)
Il peut y avoir passage rapide de la honte à la fierté : plasticité des représentations et possibilité que l’on a d’agir sur elles.
Pourquoi  je vous expose cette approche de Cyrulnik ? (à laquelle j’ai rajouté quelques notes personnelles  mises en italique pour que vous puissiez savoir où est la parole de B. Cyrulnick)
Parce qu’elle peut vous permettre de comprendre pourquoi quelque chose vous touche tandis qu’elle n’a aucun effet sur votre voisin. Ou vice versas.
Ne pas diminuer un trauma parce qu’il n’affecte pas votre voisin.
Ou pour que vous réalisiez que le jugement d’autrui, s’il n’est pas nourrit de complexité, s’effectue en fonction de sa propre perception et donc qu’il est souvent incomplet et impropre pour vous. Idem pour votre jugement sur autrui. Un jugement vaut pour la personne qui l’émet. Il a cette importance et cette limite, inhérentes.
Egalement pour que vous sentiez que lorsque vous vous vivez dans une impasse, il y a moyen d’y accéder et d’en sortir.
PIA

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