Cage d'escalier
Voici,
comme promis, le témoignage de A (qui n’est pas sa réelle initiale), mère d’une
adolescente qui ne s’est pas bien adaptée en expatriation.
A a accepté de décrire la situation de
sa famille et je l’en remercie.
Cela en aidera d’autres.
Régulièrement, je proteste contre l’idée
reçue qui établit que les enfants s’adaptent facilement et rapidement à leur
expatriation.
Restons vigilants sur ce qui nous emble irréfutable.
Les histoires changent.
Je me répète : la plupart du temps,
les enfants n’ont pas d’autre choix que de s’expatrier.
Certains le vivent bien, d’autres non, et d’autres encore sont mitigés.
Comme les adultes.
Certains s’adaptent bien d’autres moins
facilement.
C’est justement là que commence mon
travail.
Il est difficile de saisir les raisons d’un
mal-être à moins de passer du temps à en discuter avec l’enfant et avec ses
parents.
Différents paramètres interconnectés,
doivent être pris en considération.
Chaque paramètre a sa propre importance,
selon l’histoire individuelle et la personnalité du sujet
Des paramètres peuvent être :
L’âge
de l’enfant
Son
sens de loyauté vis à vis de ses parents
Ses
relations avec des personnes / son environnement d’avant le déménagement (amitiés,
amours, engagements culturels ou sociaux . . . )
Sa
personnalité : il/elle peut avoir un profond besoin de stabilité
Le
sentiment d’être coinçé-e: aucune opportunité d’exprimer sa propre vision quant
au-x déménagement-s
Une
accumulation de déménagements qui ne lui est plus supportable
Il y a des causes partagées et une façon
unique de les vivre
Revenons à la famille de A
Elle s’est sont expatriée durant
quelques années et vivent actuellement près de la Malaisie.
Avant d’accepter cette mutation, les
parents ont évalué la situation et ont pensé que ce serait une expérience intéressante
pour chacun des membres de
la famille.
A et son mari ne sont pas des rêveurs
dans le sens où ils réalisaient qu’ils auraient à faire face à des adaptations.
Ils ont pensé que :
Il
y aurait une grande et bonne école : ce serait une parfaite opportunité
pour leurs enfants de construire des amitiés. La réalité a été bien différente pour
leur adolescente qui ne s’est pas adaptée à l’école.
Pas
de nouvelle langue car l’anglais est parlé couramment ; cependant cela n’a
pas facilité leur vie quotidienne;
Le
climat chaud toute l’année pourrait permettre beaucoup d’activités dehors :
il s’est avéré que la chaleur et l’humidité les a freinées. Les enfants,
davantage à la maison, ont développé des interrelations difficiles.
A
et son mari avaient pensé que de nombreux aspects de leur nouvelle vie représenteraient
un apport positif et constructif pour toute la famille. Ils ont vécu l’opposé.
Au terme d’une année, leur adolescente n’était
pas heureuse.
Elle avait du mal à s’adapter à l’école.
Comme des examens importants
approchaient pour elle, il s’agissait de sérieusement songer à une solution au problème.
Les parents ont commencé à considérer ce
qu’ils pouvaient modifier ; leur but étant qu’une nouvelle organisation de
leur vie qui puisse être la meilleure possible pour chacun d’entre eux.
Déménager ?
Changer
de pays ?
Mettre
un terme à leur expatriation ? / À la vie expatriée ?
Changer d’employeur ?
Que
pouvaient-ils modifier de leur organisation en tant que parents ?
En tant
que famille ?
Une solution a émané d’amis expatriés
qui étaient passé par le même type de questionnements.
Après un temps de partage avec ces amis,
au sein de la famille, à explorer toutes les options auxquelles ils pouvaient
penser ; la solution est venue de leur fille elle-même.
Elle considérait aller dans un
pensionnat en Europe, dans leur pays d’origine.
A m’a dit que ce fut une étape majeure
dans leur processus de prise de décision.
Il leur a été à tous difficile au début
d’imaginer être séparés.
A dit que les expatriés du pays d’accueil
dans lequel ils sont ont rapidement compris leur position, car beaucoup peinent
à d’adapter.
Leur famille et leurs amis en Europe les
ont énormément soutenus, ce qui a été essentiel.
La méthode de survie de A est de compter
les jours qui la séparent de la prochaine réunion avec sa fille.
Les moyens de communication modernes
sont nombreux et permettent des contacts concrets et quotidiens ce qui peut alléger
le poids de la séparation physique.
Dans la situation de cette famille, les
parents ont maintenu leur rôle de protecteurs, d’éducateurs aimants, présents
et attentifs du bien-être de leur fille.
Les relations parents-enfants ont changé
mais les bases sont demeuré les même, malgré la séparation.
Tout le monde semble satisfait à ce jour
de la décision prise et de leur nouvelle organisation ;
A et son mari ont très rapidement
remarqué des bénéfices pour leur fille. Elle a maintenant construit les
relations sociales dont elle avait désespérément besoin.
Il est essentiel pour les enfants d’être
connectés à leurs parents de façon constructive.
Cette famille n’est pas la seule à avoir
dû faire face à une situation complexe dont une solution peut être difficile à
considérer.
Parler, partager est une étape
essentielle qui aide à réaliser que vous n’êtes pas seuls. L’aide de la famille
et des amis est cruciale.
Vous pouvez choisir les personnes avec
qui vous allez en parler.
N’accueillez pas de solution toute faite
qui correspondrait davantage à la vision de votre interlocuteur.
Prévenez-vous des jugements souvent trop
hâtifs qui ne sont pas plus aidants.
Il y a toujours plusieurs options à considérer
Celle que vous choisirez doit être en
phase avec vos valeurs personnelles, vos croyances et la réalité de votre vie.
A et son mari se sont ouverts à l’opinion
de leur fille tout en assumant le poids de la décision prise.
Ils ont trouvé un équilibre autour des intérêts de chacun: adultes et enfants.
Car, vous pouvez imaginer que si un
enfant souffre en expatriation, un frère ou une sœur pourra au contraire s’y
épanouir particulièrement.
A et son mari ont gardé une forte
relation avec leur fille et ils ont des contacts réguliers avec elle.
Quand un choix est posé à un moment
donné, il doit être vérifié au regard de la nouvelle réalité qui s’en suit.
Puis, le choix est considéré comme étant
suffisamment positif pour être maintenu, ou bien une décision est prise pour le
modifié, tout ou partie.
Rien ne se doit d’être définitif
Et c’est bien comme ça !
Je finirai par les mots de A car ils
sont touchants et superbes :
« Une chose est
sûre, nous sommes plus proches les uns des autres car nous nous apprécions
davantage »
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