mardi 10 avril 2012

le mercredi des expatriés: avons-nous le même corps d'un pays à l'autre ?


Avons-nous le même corps d’un pays à l’autre ?

C’est la question que je me suis parfois posée, sur le ton de l’humour … grinçant quand l’inquiétude était de la partie ;
Que vous ayez eu à faire avec les Hommes de l’art pour de simples vérifications de routine ou pour des prises en charge quand la machine ne fonctionne plus comme on le souhaite ; les conseils et protocoles peuvent différer et pas qu’un peu . . .
Alors, notre corps change-t’ il selon les pays dans lesquels on vit ?
C’est l’impression que l’on peut avoir quand on est dans le rôle de celui qui est censé être patient
Ce n’est bien sûr pas le corps qui change, mais la représentation de son état dans un contexte culturel large :
Organisations et croyances sociale, politique, religieuse qui établissent, entre autres, la prise en charge du corps physique par le soignant.
la prise en charge du corps, et aussi la relation malade-soignant.
La connaissance appartenant, de principe au soignant, c’est généralement le malade qui s’adapte au système de référence du soignant, en plus d’avoir à porter sa maladie lorsqu’il y en a une ou des soins à venir.
Ces déplacements de représentations que le malade doit faire peuvent susciter une multitude de réactions différentes selon son état d’esprit du moment.
Qui l'amèneront à faire confiance ou non au système de santé auquel il est confronté
Horreur, rejet, dénigrement, peur,
Ou
Surprise, acceptation, curiosité, intérêt

Certains migrants choisissent d’assurer partiellement ou totalement leur suivi de santé dans leur pays d’origine, estimant la prise en charge du pays d’accueil comme n’étant pas satisfaisante pour eux.
Ces différentes réactions sont aussi liées à la phase d’intégration dans laquelle vous vous trouvez.
Chaque système de santé fonctionne pour qui l’accepte et l’intègre.
Quoiqu’il en soit, ne jouez pas avec vos inquiétudes. Si vous en avez, vous pouvez les partager avec le soignant que vous rencontrerez et en fonction de sa réaction, faites le choix de votre système de santé.
Votre choix sera le bon pour vous.

Tout ça me remet en tête quelques annectodes vécues entre la france, l'Angleterre et le Brésil ...
juste une, pour le fun:
Fait: j'ai une inflammation d'un canal lacrimal, il est complètement bouché, rouge, douloureux.
France; auprès d'un spécialiste qui insère une fois par semaine une tige extrêmement fine dans le canal pour tenter de le déboucher . Echec. Elle envisage une opération .
Angleterre où je viens de déménager: faites bouillr de l'eau et massez doucement la zone bouchée pendant une semaine.
Canal débouché et plus jamais rebouché depuis 15 ans


Si le sujet de la subjectivité de la santé vous intéresse, plongez dans les écrits de Tobie Nathan, bien sûr !

Voilà en dessous quelques extraits que je trouvent intéressants, d’un article de Bernard Ugeux, docteur en théologie et en histoire des religions - Institut de Science et de Théologie des Religions.

 « La santé n’est pas qu’un état subjectif, une sensation physique ou psychique, c’est aussi un fait social, un état construit, un fait de culture. C’est le groupe social, en fonction de sa culture, donc de sa représentation du monde, qui définit le normal et le pathologique”
Un système de santé est le produit d’une culture. Chaque culture comporte une gestion de la santé qui est marquée par sa vision de l’homme et de son rapport aux autres, au cosmos (à son environnement naturel ) et, éventuellement, à une réalité invisible, une transcendance, etc. Par exemple, la médecine chinoise repose sur une perception énergétique du cosmos et de l’homme (l’équilibre entre le yin et le yang), alors que la médecine tibétaine repose sur une conception , proche de celle d’Hippocrate, de l’équilibre des humeurs. Par conséquent, il n’est pas exact d’affirmer qu’une médecine est universelle (dans le cas, par exemple, de la biomédecine occidentale, qui s’est élaborée à partir de la biologie et de la physique). Aujourd’hui, la prise de conscience de la diversité culturelle entraîne à reconnaître les limites de toute culture ou de toute civilisation et à prendre en compte l’existence d’autres conceptions de la santé qui ont permis à des groupes humaines de traverser parfois des millénaires (cf. la médecine issue des Védas en Inde, l’ayurvédisme).
Il y a aussi le manque de moyens et de personnel qui rend la médecine hospitalière de plus en plus lourde et dépersonnalisée,... On peut se demander si cette souffrance n’est pas aussi la conséquence de l’illusion de toute puissance que la science médicale a entretenue chez les soignants comme chez les patients

Marcello Azevedo, jésuite brésilien, définit la culture comme
« le dynamisme social particulier par lequel un groupe humain vit, sent, entre en relation, s’organise, célèbre et communique la vie. La culture donc se vit dans la réalité concrète de ses membres, dans leur manière d’être et de s’exprimer. Le groupe culturel s’adapte à son environnement, établit ses relations, oriente et détermine le sens qu’il donne à sa vie, à son action, à sa communication.i » Marcelle Azevedo, « Christianisme, une expérience multiculturelle. Comment vivre et annoncer la foi chrétienne dans les différentes cultures »,
Vème Congrès missionnaire latino-américain, COMLA 5, Paris, Dossier BIM, juin 1996, p.10.
Il est dont important, de la part d’un soignant, d’un thérapeute, qui est sans cesse confronté à des manifestations psychosomatiques, d’opérer ce déplacement vers l’autre, et vers son univers culturel, avec l’a priori que toute culture, en tant que système de signification, comporte une cohérence interne, même si elle n’est jamais totalement englobante ni exhaustive. L’interprétation d’une épreuve affecte beaucoup la façon de l’assumer. Il s’agit donc de partir à la découverte de cette cohérence, pour mieux percevoir les enjeux de la pathologie. Si le soignant nie la pertinence de ce que le patient dit vivre ou comprendre de sa maladie, il risque de perdre toute crédibilité. Les thérapies qu’il proposera risquent de ne pas être prises en compte ou de perdre une bonne part de leur efficacité (cf. la question de l’ « effet placebo », ou de la compliance).
Bref, il me semble que c’est à cette vigilance et à ce respect de l’altérité qu’une approche anthropologique de la santé nous invite. Nul doute qu’une telle démarche est une source d’enrichissement profond. Elle nous renvoie à notre propre vision du monde, de la vie et de la mort, à celle de notre culture mais, aussi, à la nôtre, personnelle, à notre aventure singulière... mais cela, c’est une autre histoire...


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