Le mercredi des expatriées-és: représentations figées et généralités, attention danger !



Me voilà dans une ruelle de favela, à Santa Catarina, Rio Centro avec un couple à qui je demandais une direction.

On a papoté un bout de chemin, je les ai aidé à porter les sacs de leurs courses jusqu’à l’entrée de leur maison. Je peux vous dire que dans ce quartier, les pentes sont raides !
Pour continuer mon chemin, ils me proposent de descendre leur ruelle clairement pas habituée au passage gringos.

A tort ou à raison, je ne ressens pas la moindre hésitation.

Une certaine naïveté et simplicité ancrées en moi me mettent tout naturellement dans cet état d’esprit.

Je sens bien que je suis dans un lieu peu habituel pour la gringa que je suis, mais je ne suis guère qu’une personne qui croisera sans doute d’autres personnes qui habitent ici, voilà tout.

Ma notion du respect de l’autre m’empêchera de « voler » des images, bien que mon envie flirte avec son top ; et pour cela mon appareil photo restera dans son étui.

J'ai croisé des regards d'hommes un peu plus loin en descendant la rue.

J’ai alors compris que ces regards me disaient

" C’est pas ton territoire ici, casses-toi"
OK, on se casse

La personne avec qui j’étais a pris cette photo que vous voyez. Est-ce la cause de ces regards particulièrement agressifs ? Je ne le crois pas. Les hommes en question étaient en bas de la rue, je ne suis même pas sûre qu’ils nous aient déjà vus quand on était en haut.

Je me suis retrouvée à ce moment-là au croisement de plusieurs représentations culturelles dont celle de la représentation de l’appartenance sociale, ici à Rio.

Conjuguées à la personnalité de chacun des acteurs de la situation, bien sûr.

Personnellement, en tant que gringa ; je me suis posée la question, une fraction de seconde, de savoir si il était vraiment intelligent de ma part de descendre cette rue sans être accompagnée par le couple qui aurait servi de « passeport de passage » si je puis dire.

Pourquoi me suis-je posé la question ? parce que, expatriée à Rio, je reçois parfois, comme tous les expatriés, des messages d’avertissement de danger de la part de la compagnie de mon mari, parfois de la part du consulat (le français, pas vraiment ;o) de la part d’autres expatriées-és, de l’école des enfants, je lis les nouvelles, j’observe autour de moi, je vis les choses au quotidien et … je fais ma soupe perso et prends mes décisions.

Pas toujours simple d’ailleurs.

La personne qui m’accompagnait, pareil, ne vivant pas à Rio. Il ne sentait pas cette descente de la rue.

Les personnes qui nous ont lancé ces regards que nous avons ressentis comme agressifs, eux aussi ont des représentations des gringos et d’eux-mêmes ;

Ce qui me parait intéressant dans tout ça, c’est d’une part de savoir reconnaitre nos propres représentations, leurs limites et surtout savoir les ré évaluer pour ne pas rester dans des schémas figés qui perdent alors tout leur sens.

D’autre part, attention aux généralités … elles peuvent nous conduire à des interprétations totalement erronées.

Non, toutes les ruelles de favela ne sont pas dangereuses … et

Non, toutes les ruelles de favelas ne sont pas sûres …

Oui, la réalité est complexe et à chacun d’y trouver sa place !

Pas besoin de se retrouver dans une ruelle de favela de Rio pour repenser ses représentations ! Et si ça vous tente vraiment, j’ai un exercice qui permet de s’y mettre ! Je vous l’envoie en un clic si ça vous tente !

Belle journée à vous !

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